samedi 17 novembre 2007

Les quartiers traditionnels de Pékin. Un patrimoine menacé d’extinction par le processus de métropolisation ?

Joris COTTIN , Elsa MASSE et Emmanuel PION Source : Source : Google earth 3D
Le processus de métropolisation pose la question de la conciliation entre la conservation d’un tissu urbain existant, qui témoigne de l’histoire et de la culture d’un lieu, et la construction de nouveaux espaces modernes. La démolition progressive des vieux quartiers de Pékin au profit de gratte-ciel et autres buildings I-Tech témoignent parfaitement du choc qui peut exister entre tradition et modernité dans le processus de métropolisation.Source : Géo, mars 2003 "Pékin, porte de la Chine"
Depuis les années 1990 la Chine vit une extraordinaire explosion urbaine et économique. En effet le taux de croissance du PIB dépasse désormais les 9% par an et le taux de population vivant en ville est passé de 19,8% en 1990 à 42,98% en 2006. Si dans un premier temps cette urbanisation massive a engendré une expansion de la ville de Pékin à sa périphérie (entraînant le déplacement forcé de près de millions de paysans dont les terres ont été réquisitionnées pour agrandir la ville), la tendance est désormais à la destruction des quartiers traditionnels ou Hutongs.Source : Source : Pékin, scènes vues, Roger Darrobers, édition Bleu de Chine
Le terme Hutong signifie à l’origine « puit » en mongol. Il s’agit en fait de ruelles étroites reliant historiquement les différents puits de la ville et le long desquels se sont construites les premières Siheyuans (habitations emmurées possédant une tour carrée). Ces quartiers traditionnels se sont constitués sous la dynastie Ming (1368-1644) selon les principes du Feng Shui. A l’époque réservées aux familles nobles, ces habitations offraient confort et tranquillité à leurs habitants tout en les protégeant des redoutables tempêtes de sable. La disposition des lieux était rigoureusement codifiée. Le chef de famille occupait le bâtiment sud, tandis que sa progéniture logeait dans les deux ailes de la résidence. Les pièces orientées au nord étaient, elles, traditionnellement réservées à l'étude, au logement des serviteurs ou aux réserves. On pouvait juger de la richesse d'une famille au nombre de cours qui composaient la résidence.
Les Hutongs constituent donc un patrimoine architectural et culturel d’une immense richesse pour les Pékinois. Pourtant aujourd’hui leur existence est mise en péril par la volonté des autorités locales de faire de Pékin une vitrine internationale de la puissance chinoise. En effet un vaste programme de modernisation de la ville prévoit de démolir une grande partie de ces quartiers historiques, classés par l’UNESCO, pour construire en lieu et place tours de bureaux, hôtels de luxe et immeubles de standing destinés aux « nouveaux riches ». Sur les 9000 Hutongs que comptait Pékin on estime déjà que seuls 3000 d’entre eux sont encore debout.
Le coût social de cette restructuration urbaine est aussi très important puisque les populations vivant traditionnellement dans ces quartiers sont peu à peu priées de quitter les lieux. Les démolisseurs agissent de façon expéditive. Les résidents sont parfois avertis une à deux semaines à l’avance en découvrant peint en blanc sur leur maison le caractère chai, synonyme de démolition. En contrepartie du dommage subi, les habitants reçoivent de maigres compensations financières qui ne leur permettent pas de se reloger au centre-ville. La spéculation foncière que connaît Pékin oblige les plus pauvres à s’établir toujours plus loin en banlieue. En effet, le prix du mètre carré au centre-ville atteint par endroit la somme extravagante de 40000 yuans, soit 5725$US.

Les mouvements de contestation contre ces expropriations sont peu nombreux et de toute façon réprimés sévèrement par le régime avec pour raison invoquée celle du « trouble à l’ordre public ». En 2003 les autorités ont cependant répondu aux critiques en désignant une quarantaine de zones protégées, qui couvrent près du quart de la superficie de la vieille ville. Néanmoins, les déclarations de bonnes intentions et les mesures de préservation sont rarement suivies des faits du fait de la pression exercée par les promoteurs immobiliers.
Le mouvement d’urbanisation et de modernisation de Pékin n’est donc pas prêt de cesser. La perspective de l’organisation des JO de 2008 ne fait d’ailleurs qu’accentuer la tendance avec l’investissement massif de 100 milliards de dollars US d’ici 2008 pour construire les infrastructures et les logements jugés nécessaires à la création du « New Bejing » prôné par les affiches du comité olympique chinois.

Références :
• Site web de wikipédia, Hutong, en ligne, consulté le 23 octobre 2007. http://fr.wikipedia.org/wiki/Hutong
• Site web de Aujourd’hui la Chine, La municipalité de Pékin détruit encore un de ces quartiers historiques, en ligne, consulté le 23 octobre 2007. http://www.aujourdhuilachine.com/article.asp?IdArticle=3109
• Site web de Aujourd’hui la Chine, Au centre de Pékin, on détruit un des derniers vestiges historiques de la capitale chinoise, en ligne, consulté le 23 octobre 2007. http://www.aujourdhuilachine.com/article.asp?IdArticle=3650

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Putain, c'est trop pratique pour mon exposé de géo !! j'adooooore trop !!! celui qui a fait ce site, il a trop penséé à moi !! TASSURE GRAVE MEC!!!