mardi 27 novembre 2007

La procrastination appliquée (ou comment faire de l’anti-aménagement)

Par Maxime Lamothe

La banlieue pavillonnaire est une forme d’occupation du territoire bien ancrée au Québec. Il n’y a qu’à emprunter quelques autoroutes que ce soit pour vite se rendre compte de la prolifération de multiples projets immobiliers plus ou moins sauvages et résolument tentaculaires. Il est parfois difficile de comprendre ce qui peut drainer ainsi les populations de plus en plus loin des grands centres et de leurs services, dans ces quartiers neufs et déshumanisés, où la dépendance à l’automobile nous rend coupables de participer au drame du réchauffement climatique dans nos moindres déplacements…

Et pourtant, rien ne semble vouloir ralentir l’exode des familles vers les secteurs périurbains, l’attrait de la « paisible et verdoyante » banlieue est encore bien vivant chez les Québécois, et ce malgré les constantes remises en question quant à la viabilité de ce mode de vie. La banlieue est ancrée dans notre culture et elle s’y accroche. Néanmoins, doit-on s’en étonner? La société du tout-à-l’économie dans laquelle nous nous sommes plongés avec la surconsommation comme force motrice principale ne serait-elle pas à la base de cet engouement pour la maison-unifamiliale-isolée-sur-gros-terrain-de-jeu-gazoné-munis-d’un-garage-double-et-d’une-piscine-chauffée? La quête d’une richesse de plus en plus grande (incarnée le plus souvent par l’accumulation de biens de consommation) et d’un mode de vie calqué sur les célébrités hollywoodiennes dont les stands à revues regorgent ne participerait-elle pas à cette représentation collective du bonheur? L’énergie forcenée avec laquelle on nous incite à acheter le dernier modèle du tank urbain à quatre roues motrices, GPS, cinéma-maison intégré et monte-charge pour très grosses épiceries, ne nous encouragerait-elle pas insidieusement à désirer des modes d’occupations où l’usage extensif de moyens de transport individuels prime sur l’humanité et le civisme?

Combien de temps pourrons-nous encore soutenir ce type de développement?

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